Dossier de presse Yazid OULAB “Les outils de la peinture”

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Découvrez le dossier de presse de l’exposition de Yazid OULAB “Les outils de la peinture” qui est visible au Centre d’Art Contemporain de Saint-Restitut du 13 juin au 22 août 2021.

Les outils de la peinture

Dessin, peinture, installations

13 juin – 22 août 2021

Photos de Philippe Petiot

Yazid Oulab est né à Sedrata (Algérie) en 1958. Diplômé de l’École des Beaux-Arts d’Alger et de l’École des Beaux-Arts de Marseille, il vit et travaille dans la cité phocéenne depuis 1983 et expose depuis 1988.

Ses œuvres sont présentes dans des collections publiques et privées, dont celle du Musée National d’Art Moderne, du centre Georges Pompidou, le FRAC Picardie, le FRAC PACA, au Luxembourg et au Portugal.
En 2008, il participe à l’exposition Traces du Sacré au Centre Georges Pompidou. En 2009, il est résident à l’atelier Calder à Saché.

De nombreuses expositions monographiques lui ont été consacrées à Marseille, Toulouse, Paris, mais aussi en Tunisie et au Portugal. Il a participé à des expositions collectives en France et à l’étranger (Japon, États-Unis, Roumanie, Liban, Yémen, Allemagne, Australie, Tunisie, Corée du Sud).

En 2009, il avait présenté l’exposition Le lien au centre d’art contemporain de Saint-Restitut. Il a également participé à l’exposition collective 10+1 en 2014. Cet été, il expose ses derniers travaux autour de la pratique de la peinture. En revenant aux outils et aux matériaux du peintre et du maçon, il met en lumière la porosité des disciplines et des méthodes de travail. Les outils du travail manuel et intellectuel sont ici cristallisés dans des objets qui révèlent leur potentialités poétiques.

Salle 1

Yazid Oulab, Les outils du travail, 2021, Terre cuite
Yazid Oulab, Sans titre, 2012, Graphite embouté à une perceuse sur papier, 77/56,6 cm Yazid Oulab, Sans titre, 2012, Graphite embouté à une perceuse sur papier, 77/56,6 cm

Yazid Oulab, Sans titre, 2010, Graphite embouté à une perceuse sur papier, 77 x 56,6 cm Yazid Oulab, Sans titre, 2017, Encre, aquarelle sur papier, 64 x 50,5 cm Yazid Oulab, Nous devons oublier de copier-coller, 2021, fil de fer barbelé, 197 x 17 cm

Sur les murs, des dessins au graphite embouté sur une perceuse. Les points tracés par le geste délicat de l’artiste, qui doit prendre soin de ne pas abîmer le papier avec la perceuse, forment des figures circulaires qui reproduisent le mouvement de l’outil utilisé. La même technique a été utilisée pour le tableau Christ cosmique visible dans l’église de Saint-Restitut.

Dans la vitrine, les outils du travail sont façonnés en terre cuite, c’est à dire de la matière qu’ils travaillent lorsqu’ils sont utilisés pour l’agriculture.

La phrase « nous devons oublier de copier coller » est faite en fil barbelé courbé. Yazid Oulab rappelle que c’est à partir de la ligne droite que l’on peut tracer les lettres et les mots. Le fil barbelé, qui évoque plutôt l’enfermement et la violence, est ici pensé comme un moyen de matérialiser l’énergie : un fil de fer composé de petites étincelles régulières, comme un système nerveux ou neuronal. La signification de la phrase renvoie à l’histoire de l’art, marqué par l’idéal de l’art académique (imitation des anciens), ainsi qu’au geste informatique contemporain, qu’il s’agit de mettre en perspective.

Salle 2

Yazid Oulab, Sans titre, 2021. Branches de cyste, outils et pinceaux. 147 x 45 x 40 cm

Sur le mur, cinq branches dont les racines sont liées aux outils du travail de la terre. Les bourgeons de pinceaux apparaissent comme de nouveau hybrides. Penser le pinceau comme un bourgeon, c’est aussi suggérer l’existence en puissance de l’oeuvre picturale dans son outil. Quant aux racines, elles matérialisent la possibilité de remonter aux origines (des mots, des idées, des arts, de l’histoire personnelle) en revenant à l’outil et au geste.

Dans cette salle, des compositions se font “de l’arbre au pinceau”. Le rêve de peindre est pensé à travers les formes végétales de l’arbre et du bourgeon.

Yazid Oulab, Sans titre, 2017, Encre, aquarelle sur papier, 64 x 50,5 cm Yazid Oulab, Blocs, 2021, Peinture à l’huile sur revues d’art et catalogues d’exposition

Trois “blocs” composés de magazines d’art et de catalogues d’exposition attachés entre eux et recouverts de peinture. Parmi les outils indispensables à l’artiste qui veut peindre, l’histoire de l’art, qui donne une connaissance théorique, est ici occultée par de la peinture et devient sculpture ou baluchon.

Yazid Oulab, Sans titre, 2021, graphite sur papier, 68,5 x 50 cm Yazid Oulab, Sans titre, 2021, graphite sur papier, 40,5 x 29,7 cm Yazid Oulab, Ancrage, 2018, Encre de chine sur papier de riz sur bois, 180 x 42 x 31 cm

Yazid Oulab utilise les matériaux du dessin (le graphite, la feuille) avec la technique de la peinture (graphite concassé, pris dans un dans un liant et étalé avec un pinceau). On reconnait les stylistes (ermites du début du christianisme qui s’installaient sur des colonnes), qu’on retrouve dans plusieurs de ses dessins.

Yazid Oulab, Sans titre, 2021. Pinceaux sur bois sur métal. 147 x 45 x 40 cm

Dans cette salle, des compositions se font « de l’arbre au pinceau ». La pratique de la peinture est pensée grâce et à travers les formes végétales de l’arbre et du bourgeon.

Six dessins sont faits à partir de graphite concassé, pris dans un liant et étalé avec un pinceau. Yazid Oulab utilise les matériaux du dessin (le graphite, la feuille) avec la technique de la peinture. Il s’agit de sarments de vigne, d’arbres, d’outils, sur lesquels se trouvent des petits personnages, des « devins » (jeux de mots « de-vin »), qui ressemblent à des bourgeons, ou des stylites (des ermites du début du christianisme qui s’installaient sur des colonnes et suivaient une ascèse très rigoureuse).

Dans le coin de la pièce, une sculpture faite en bois de la forme d’une lettre de l’écriture cunéiforme (« en forme de clou »). Il s’agit d’une des premières écritures, la « matrice » des alphabets modernes, dont la forme renvoie aussi au sexe féminin (qui peut figurer une autre matrice). Couverte de papier de riz et d’encre, elle renvoie aussi à la plume ou au stylo. Le titre A(e)ncrage joue sur l’homophonie des mots « ancrage » et « encrage » pour en lier les sens : celui de l’écriture, de l’origine, de la solidité et de la trace.

Trois peintures de pinceaux, très droits et faits à l’encre, invitent à percevoir la ressemblance entre cet outil, la flamme, et le bourgeon. Les encres étant originellement produites à partir de charbon, on retrouve ici une symbiose entre la méthode et ce qui est figuré.

Sur le socle noir, trois « blocs » composés de magazines d’art et de catalogues d’exposition attachés entre eux et recouverts de peinture. C’est la connaissance théorique de la peinture qui est occultée par la matière première et devient sculpture, ou baluchon. La peinture grise renvoie à la « matière grise », et par métonymie, ces blocs sont de la couleur de ce qu’ils invoquent. L’artiste construit à partir du savoir théorique de l’art pictural une pratique marginale, qui ne tient pas tout à fait de la peinture mais plutôt d’une composition de techniques et d’outils.

Sur le mur, cinq arbres aux racines en outils du travail de la terre et aux bourgeons de pinceaux apparaissent comme de nouveaux hybrides. Penser le pinceau comme un bourgeon, c’est aussi suggérer l’existence en puissance de l’œuvre picturale dans son outil. Quand aux racines, elles matérialisent la possibilité de remonter aux origines (des mots, des idées, des arts, de l’histoire personnelle) en revenant à l’outil et au geste.

Salle 3

Yazid Oulab, Agencements, 2021, peinture à l’huile sur toile pliée
Yazid Oulab, Agencements, 2021. Peinture à l’huile sur toile pliée

Au sol sont posées des toiles pliées, qui semblent prêtes à être installées sur le mur ou à être emportées en voyage. Ce sont aussi des peintures en confinement, qui n’ont pas pu se déployer dans les espaces d’exposition. La forme ramassée des toiles rend visible une multitude de plis. Les plis renvoient à l’histoire de l’art : la maitrise du drapé, les plis des étoffes permettent de jouer sur le visible et l’occulté du corps humain. Sur le mur, une paire de lunettes de chantier peinte en gris : « l’idée de voir, ou d’être aveuglé, par la matière grise ». Le cordeau du maçon tendu le long du mur fait référence à l’outil du travail (qui sert à tracer des lignes droites, à un horizon lointain du paysage.

Yazid Oulab, Livre pinceau, 2021, Reliure, 25 x 12,5 x 4 cm

Un pinceau épais, relié en cuir et or, apparait comme l’envers des livres peints. Cette fois, c’est l’outil de la peinture qui prend la forme du livre. Le long des trois murs blancs, des blocs monochromes de livres sont installés sur des étagères. Deux sont en « vert de gris », qui est aussi la couleur du végétal, du dollar ou du cuivre oxydé. Le savoir est encore ici occulté par la peinture.

Salle 3
Yazid Oulab, Livres sur bois, 2021. Peinture à l’huile sur livres.
Yazid Oulab, Agencements, 2021. Peinture à l’huile sur toile pliée à cordeau.

Le long des trois murs blancs, des blocs monochromes de livres sont installés sur des étagères. Deux sont en « vert de gris », qui est aussi la couleur du végétal, du dollar ou du cuivre oxydé. Le savoir est encore ici occulté par la peinture.

Un pinceau épais, reliés en cuir et or, apparaît comme l’envers des livres peints. Cette fois, c’est l’outil de la peinture qui prend la forme du livre.

Au sol sont posées des toiles pliées, qui semblent prêtes à être installées sur le mur ou à être emmenées en voyage. Cette forme en baluchon suggère en effet le départ, ou des « peintures à emporter ». Ce sont aussi des peintures en confinement, qui n’ont pas pu se déployer dans les espaces d’exposition. Les couleurs franches sont celles utilisées pour le mobilier urbain ou pour la maison. Ici est mise en avant la pluralité des utilisations de la peinture, qui peut être artistique ou fonctionnelle. La forme ramassée des toiles leur permet de rendre visible une multitude de plis.

Les plis renvoient à la brèche, à l’entre-deux, ainsi qu’à la physique quantique.

« Prendre un pli », c’est aussi prendre une habitude, se former à quelque chose, le pli exprime la plasticité du corps et de l’esprit.

Dans l’histoire de l’art, la maîtrise du drapé, les plis des étoffes, permettait de jouer sur le visible et l’occulté du corps humain. Léonard de Vinci a fait des études du drapé, afin qu’il soit le plus conforme à la réalité.

Sur le mur une paire de lunettes de chantier peinte en gris : l’idée de voir, ou d’être aveuglé, par la matière grise.

En dessous, trois citations sur le gris en peinture. « L’ennemi de toute peinture est le gris » d’Eugène Delacroix, « Tant que l’on a pas peint un gris, on n’est pas un peintre » de Paul Cézanne », et « pour que le gris ne m’échappe pas, je l’ai à l’œil » de Yazid Oulab. Si les deux premières ont l’air de se contredire, elles mettent surtout en exergue la longue lutte des peintres avec le gris : c’est précisément la teneur de la mise en garde de l’artiste.

Le cordeau du maçon tendu le long du mur fait référence à l’outil du travail (qui sert à tracer des lignes droites), à un horizon lointain du paysage et à la physique quantique (la théorie des cordes).

COULOIR ET BUREAU

Couloir

Trois dessins de stylistes, en miroir avec la salle 2. Ceux-ci sont plus anciens (2012) et les formes sont moins figuratives.

Bureau

Deux dessins de pinceaux, en miroir avec la salle 2.

Quatre dessins au graphite gratté sur du papier. Nommée Séquences, cette série a été réalisée en écrivant des mantras et en grattant les lettres jusqu’à l’épuisement du papier. Les dessins sont illisibles, mais ils ont la forme d’un texte, d’un paragraphe, d’une poésie ou d’une liste. Le dessin se fait en enlevant de la matière, comme s’il s’agissait d’une gravure ou d’une sculpture.

Trois dessins de stylistes, datant de 2006. Une des premières occurrences de ces personnages. Il n’y a pas encore de paysages ou de décor.

CAVE 1

Yazid Oulab, Balais qui dansent, 2021, bois fibre végétale peinte, reliure carton, cuir et or.
37 x 136 x 10
Le mausolée du silence, 2021. Torchis argile rouge et paille. 78 x 41 x 17 cm

Mausolée du silence,
Une oreille en torchis (une matière du bâti) posée sur un lit de paille, est une référence à Van Gogh : les champs de blé étaient un motif récurrent dans sa peinture et dans son dernier tableau. La présence de l’oreille renvoie au thème de l’écoute, dont elle est l’outil.

Ballets folkloriques, ballets contemporains et ballets classiques font référence à l’histoire de VanGogh, qui dans une crise de délirium se coupa un lobe d’oreille. D’après Yazid Oulab, ce lobe aurait été recueilli par une « prostituée également femme de ménage » (cf. L’Oreille de Van Gogh :
Rapport d’enquête ; Bernadette Murphy, ed. Actes Sud, 2017).

Vortex, 2021. Pinceaux sur fil de fer torsadé. 133 x 12 cm
Yazid Oulab, Balais qui dansent, 2021. Bois, fibre végétale peinte, reliure carton, cuir et or.
37 x 136 x 10 cm

À droite de l’escalier, l’œuvre Vortex en fil de fer et pinceaux. Le vortex est une forme tourbillonnaire, qui renvoie aussi à la spirale et au mouvement elliptique [voir salle 1, dessins à la perceuse]. Le vortex de Yazid Oulab est fait en pinceau, puisque la peinture est au centre de ses préoccupations, du « tourbillon » de sa pratique.

Ballets folkloriques, ballets contemporains et ballets modernes font à la fois référence à la danse, à la lecture, et au nettoyage. On peut y voir un moyen de poétiser et d’embellir une activité déconsidérée, le ménage, ou de prendre chaque brin de la brosse comme la possibilité d’un mot, dont l’assemblage permet de composer le livre.

La présence de l’oreille renvoie au thème de l’écoute, dont elle est l’outil. Ce Mausolée du silence, une oreille en torchis (une matière du bâti) posée sur un lit de paille, est un hommage à Van Gogh : les champs de blé étaient un motif récurrent dans sa peinture. L’artiste nous « offre son oreille », en réponse à Paul Claudel (écrivain et critique d’art, 1868-1955, frère de Camille Claudel) qui affirmait que « l’œil écoute » face à la peinture. Si au « commencement était le verbe » [voir l’Origine du verbe cave 2], il fallait, selon Yazid Oulab, « une oreille pour l’écouter ».

CAVE 2

Yazid Oulab, Clou, 2019, Zinc sur bois, 112 x 17 x 20 cm
Yazid Oulab, Origine du verbe, 2018, encre de chine, papier de riz, bois, 223 x 71 x 40 cm

L’écriture cunéiforme, déjà centrale dans ses premiers travaux, revient dans le coin de quelques pièces pour nous rappeler la préoccupation de Yazid Oulab: Retrouver l’origine des choses , du verbe au son, de la peinture à l’écriture.

Yazid Oulab, Chaine de la connaissance, 2009, clous acier, 400 cm

Cette Chaîne de la connaissance composé de clous courbés rappelle la possibilité pour le clou d’être lien (titre ed la première exposition de Yazid Oulab à Saint-Restitut).

Yazid Oulab, 3, 4, 5 ou l’abscisse et l’ordonnée, 2021, peinture sur métal, 38 x 29 cm

La référence à Mondrian accompagne l’abscisse et l’ordonnée qui évoque les origines de la géométrie indispensable dans toute construction.

Yazid Oulab, Sans titre, 2018. Truelle et plâtre, 60 x 22 x 15 cm
Yazid Oulab, Sans titre, 2017. Encre, aquarelle sur papier. 48,5 x 36 cm

À l’intérieur d’une composition de truelles a été modelée en stuc une lettre de l’écriture cunéiforme. Ce matériau, utilisé par les maçons pour faire les moulures sur les plafonds, se retrouve au fond de l’outil, devenu ici œuvre d’art. Lui fait face une sculpture jumelle avec celle de la salle 2, nommée Origine du verbe. Renvoyant plus explicitement au sexe féminin, elle trace un parallèle entre la matrice scripturale (l’écriture cunéiforme) et humaine.

Au sol, un clou en acier dont la tête a la forme d’une maison. Le clou est un ensemble des trois formes qui composent la nature selon Paul Cézanne : le cylindre, la sphère et le cône.

Une Chaîne de la connaissance composée de clous courbés en cercles rappelle la possibilité pour le clou d’être lien (le titre de la première exposition de Yazid Oulab à Saint-Restitut). La forme de l’œuvre reprend celle de son matériau, ainsi que le système binaire (0 et 1).

L’ensemble 3, 4, 5 ou l’abscisse et l’ordonnée évoque les origines de la géométrie et l’invention de l’angle droit. Les sumériens utilisaient une corde de douze nœuds qu’ils pliaient en 3, 4 et 5 nœuds pour former un triangle rectangle, et obtenir un angle droit.

Un dessin reprend la figure des stylites pris dans le mythe grec du cheval de Troie. Ici, l’artiste invente une architecture rappelant les échafaudages.

CAVE 3

Cave 3

La métamorphose du cocon et la fermentation sont deux formes de transformation, et renvoient au processus artistique.

A droite, une œuvre qui rappelle les arbres hybrides de la Salle 2, mais les branches sont ici continuées par de la filasse de lin, matière végétale qui compose les toiles de peinture et qui est utilisée dans al plomberie.

Yazid Oulab, Cocon, 2018. Lattes de bois et cerclage métal. 35,5 x 254 x 35,5
Yazid Oulab, Un échafaudage dans le désert. Photo tirage sur aluminium. 111 x 138,5 cm

Dans une installation “un échafaudage dans le désert” de 2007, à 1 500 kms d’Alger, il érige une “échelle qui gravit la montagne de l’illusion” sur les dunes de Tinerkouk au Nord de Timimoun, installation éphémère entre spéculation mystique dans l’environnement du désert et le Land Art. Comme le raconte la tradition, Yazid a rêvé, comme Jacob, d’une échelle fichée au sol qui s’élève très haut dans le ciel. Il a choisi pour cette oeuvre éphémère un site incroyable où des voyageurs ont laissé leur marque par des écrits réalisés en utilisant des pierres, comme Jacob qui avait utilisé des pierres comme oreiller.
Photo prise quelques instants avant que la lumière ne change. L’échafaudage et son ombre, référence à l’échelle de Jacob, renvoient à la construction et la réparation des bâtiments, mais il concerne aussi des objets abstraits (échafauder un plan, un système).

Yazid Oulab, Sans titre, 2021. Filasse de lin, bois, métal. 220 x 60 x 80 cm
Yazid Oulab, Sans titre, 2017. Encre, aquarelle sur papier. 49 x 37,5 cm

A droite, ce dessin fait référence à la scène du serpent dans Le petit prince de Saint-Exupéry. Ici, c’est un clou qui a avalé une maison.
A gauche, un sac d’où s’échappe un esprit ou un ange: Yazid Oulab rappelle que les anges sont la métaphore des pensées. (En fait, son père agriculteur mobilisait ses fils pour certains travaux et leur promettait qu’ils trouveraient un trésor dans un des sacs).

Deux dessins. Le premier est celui d’un sac d’où s’échappe un esprit ou un ange : Yazid Oulab rappelle que les anges sont la métaphore des pensées. Le second est une référence à la scène du serpent dans Le petit prince de Saint-Exupéry. Ici, c’est un clou qui a avalé une maison.

Au centre de la salle, l’œuvre Cocon trace la proximité des formes et des effets du cocon et du tonneau de vin : la métamorphose et la fermentation sont deux formes de transformation de la matière, et renvoient au processus artistique. Coupé en deux, le cocon se fait cône et peut devenir monolithe [voir Monolithe en extérieur].

Cette façon de créer des associations d’idées par l’œuvre d’art renvoie aussi à la volonté de Yazid Oulab de chercher le tout, l’unité originelle des choses.

Un échafaudage dans le désert : œuvre éphémère de 2007, il n’en reste aujourd’hui que sept photos. Celle-ci a été prise quelques instants avant que la lumière ne change, et l’ombre de l’échafaudage ressemble à une échelle (et fait référence à l’échelle de Jacob). L’échafaudage renvoie à la construction et la réparation des bâtiments, mais il concerne aussi des objets abstraits (échafauder un plan, un système). La polysémie du mot permet encore ici de faire un lien entre le matériel et l’abstrait, le monde du travail manuel et celui du travail mental.

À droite, une œuvre qui rappelle les arbres hybrides de la salle 2, mais les branches sont ici continuées par de la filasse de lin, matière végétale qui compose les toiles de peinture et qui est utilisée dans la plomberie.

Cave 4

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le journaliste américain Varian Fry a organisé avec êtreautre le soutient de mécènes américains le départ vers les Etats-Unis d’artistes et intellectuels européens menacés par le régime nazi.
Jacques Salomon Hadamard, mathématicien français, a été locataire de la Villa Air-Bel à Marseille avec André Breton, Max Ernst, Victor Brauner, Hans Bellmer, Wilfredo Lam… La matrice d’Hadamard, inventée là-bas à partir d’un jeu d’échec a permis l’invention du code-barre et du pixel.

Yazid Oulab, Matric d’Hadamard, 2021. Plâtre de Paris sur matière composite noire. 64 x 84 cm
Yazid Oulab, Mes idées, 2021. Plâtre de Paris sur matière composite noire, 64 x 84 cm
Yazid oulab, Extimité, 2021. Plâtre de Paris sur matière composite noire. 64 x 84 cm

(Extimité est un terme lacanien (Jacques Lacan, psychanalyste français, 1901-1980) qui se construit comme l’opposé de l’intimité, et se définit comme le désir de rendre visible des aspects de soi relevant de l’intime. )

Trois « peintures » réalisées en comblant avec du plâtre des motifs creusés dans une plaque de fibre composite noire. Il s’agit pour l’artiste de « colmater les failles pour mieux les révéler », en reprenant le geste du plâtrier et en le mettant en parallèle avec les méthodes de la gravure et de la peinture. Extimité est un terme lacanien (Jacques Lacan, psychanalyste français, 1901-1980) qui se construit comme l’opposé de l’intimité, et se définit comme le désir de rendre visible des aspects de soi relevant de l’intime.

Les plaques noires font aussi référence au tableau noir des salles de classe, la craie étant ici remplacée par le plâtre. Matrice de Hadamard et Mes idées mettent en lumière sous forme de croquis et de textes la proximité du travail de Yazid Oulab avec les mathématiques et la poésie.

Jacques Salomon Hadamard, mathématicien français, a été locataire de la Villa Air-Bel à Marseille pendant la Seconde Guerre mondiale (lieu de refuge d’artistes et scientifiques menacés par le régime nazi, mis en place par Varian Fry, un journaliste américain ayant organisé le départ vers les États-Unis de nombreux européens). La matrice de Hadamard, inventée là-bas à partir d’un jeu d’échec, a permis l’invention du code-barre et du pixel.

Mes idées reprend en dessin la citation de Cézanne : «Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône » et explicite son rapport avec le clou. Il rappelle aussi le lien entre l’angle droit et la molécule de l’or. Celle-ci est cubique, avec 5 atomes de chaque côté. Une fois à l’état liquide, elle tient avec l’atome du milieu, et aurait les mêmes proportions que la pyramide de Khéops, en Égypte.

In Situ 2021/2022

Installation dans le cadre de l’exposition de Yazid Oulab au centre d’art contemporain de St Restitut mais aussi dans le programme IN SITU 2021 qui comprends 7 oeuvres hors les murs du centre d’art : Gabrielle Conilh de Beyssac, Regard, 2021 – Nicolas Daubanes, Sabotage, 2021 – Olivier Mosset, Hommage à Cézanne – Claude Rutault, Les sentinelles, Hommage aux carriers, 2013 – Yazid Oulab, Monolithe et Christ cosmique.

Yazid Oulab, Monolithe, 2012. Inox martelé poli et inox martelé brossé. 206 x 80 x 50 cm.
Yazid Oulab, Monolithe, 2012. Inox martelé poli et inox martelé brossé. 206 x 80 x 50 cm.

L’œuvre Monolithe reprend la forme d’un silex d’un côté, et de l’écriture cunéiforme de l’autre.

“Je trouve intéressant de révéler l’essence du premier outil, afin de condenser l’épaisseur de son histoire dans sa matière. Le silex est à mon sens un objet exemplaire. Dans la main de l’homme, il a séparé la matière et a provoqué le feu. Il lui a permis d’inscrire son écriture pictographique et linéaire dans la roche. Clous et coins schématisés ont représenté pour l’homme une vaste étendue de signes. J’en récupère certains pour les greffer à la pierre taillée. Le silex porte ainsi en lui ce trait cunéiforme auquel il ne pourra pas se soustraire. Prendre le silex comme point de départ, c’est aussi revenir sur la forme pure du carbone. Ce dernier est le constituant du crayon, qui a permis aux hommes de poursuivre la rédaction de leurs desseins.”

Yazid Oulab, « entretien avec Julia Marchand », Les éditions du Palais, 2013.
Yazid Oulab, Christ cosmique, 2013. Graphite embouté à une perceuse sur panneau. 221 x 122 cm. Eglise de Saint-Restitut

Ce dessin a été tracé sur un panneau par les impacts d’une perceuse emboutée de graphite. Le mouvement du foret au bout de la main de l’artiste, le geste en spirale et la vibration de la machine, se retrouvent dans le mouvement ascendant du crucifié. Au-dessus de la tête du christ, une auréole ou une spirale, le dernier mouvement en arc de cercle de la machine, comme une La pointe sombre du graphite marque le bois d’innombrables impacts . Si l’on s’éloigne, le corps de l’homme émerge de ce jaillissement d’infimes particules qui le nimbe, tel une aura, dans un tourbillon ascensionnel. Il se dresse vertical et longiligne, dépouillé à l’extrême. Il s’élève aimanté entrainant dans son sillage cette myriade d’électrons dansants qui le drape en tournoyant dans cette posture d’ouverture et d’abandon entre recueillement et offrande. Yazid Oulab de confession musulmane et d’obédience soufie, interroge cet homme en qui il reconnait le Christ. Le même que celui de la danse soufie, d’un ébrouement, d’un tourbillon, ou de la danse chimique de l’origine du monde. Attacher le christ au cosmos, c’est aussi trouver dans le titre le choc premier de l’acte créateur, le heurt de l’outil sur la matière, en miroir avec l’origine du monde.

Expositions personnelles de Yazid Oulab

2021 Les Outils de la peintureCentre d’Art Contemporain de Saint-Restitut, France

2019     Poèmes Graphiques, Espace Safran, Amiens

2018      (1+√5)/2, Galerie Eric Dupont, Paris.

2017-18 Yazid Oulab, Espace Art Absolument, Paris.

2017     À la pointe, galerie Eric Dupont, Paris.

2016   Survivances, Galerie Caroline Pagés, Lisbonne.

2015   Portée, Galerie Selma Feriani, Tunis.

2014   Survivances, Galerie Caroline Pagès, Lisbonne. 

2013   Noyau cosmique, Galerie Eric Dupont, Paris. FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille. Peu à peu quoique aussitôt #1– le temps de la métamorphose, « Le désir du rivage », Centre Richebois, parcours proposé par l’association Voyons voir dans le cadre d’Ulysses initié par le FRAC Provence Alpes-Côte d’Azur, Marseille.

2012   L’ère du graphite, Galerie Eric Dupont, Paris.

2011   L’âge du graphite, Maison Salvan, Labege.

2010   Galerie Eric Dupont, Paris. Tailler la montagne, ESAC Pau Expo, Pau.

2009   Yazid Oulab Atelier Calder, Saché.

  Yazid Oulab Maison Max Ernst, Huismes.

  Yazid Oulab Eglise Saint Nicolas, Tavant.

  Le lien, Centre d’art contemporain, Saint-Restitut.

2008   Galerie Eric Dupont, Paris.

2007     Galerie Eric Dupont, Paris.

2003 Musée Archéologique d’Istres.

2002 Galerie du Tableau, Marseille.

2000 Médiathèque de Miramas.

1997 Galerie du Tableau, Marseille.

EXPOSITIONS COLLECTIVES DE YAZID OULAB

2020   Prête-moi ton rêve, exposition panafricaine itinérante. La Fondation pour le Développement de   la Culture Contemporaine Africaine (FDCCA) Manifesta 13 Marseille, Marseille 

2019   Waiting for Omar Gatlato : Contemporary Art from Algerie and its Diaspora, University of Columbia   Wallack Art Gallery. Remake, Frac Normandie Rouen

2018      In Situ, Patrimoine et Art Contemporain, abbaye de Gellone à Saint-Guilhem-le-Désert.

Destinerrance, MAC Arteum, Châteauneuf-le-Rouge.

Ils dessinent tous, Centre d’art contemporain, St Restitut.

Entrée en matière, Centre Richebois, Marseille.

2017  Watou Art Festival, 37th edition, Belgium.

  L’Islam c’est aussi notre histoire, Musée de l’Europe, Bruxelles, Belgique. 

  Destinerrance, MAC Arteum, Châteauneuf-le-Rouge.

Ils dessinent tous, Centre d’art contemporain, St Restitut.

Entrée en matière, Centre Richebois, Marseille.

2016 Sacrées Graines, l’Institut des Cultures d’Islam, Paris.

J’ai des certitudes sur mes doutes, L’Artothéque. Caen, France

36 – 36, Les artistes fêtent les 80 ans des congés payés, France.

Le Clou, Rond-Point Projects, MuCEM et FRAC PACA, Marseille.

RépétitionsVilla Saint-Hilaire, Grasse.

Saint-François d’Assise – L’homme intemporel, cathédrale de la Major, Marseille.

2015   Là où commence le jour, Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, Lille. 

Galerie Ferme de la Chapelle,Grand-Lancy.

Projection « Le souffle du récitant comme signe », galerie la Ferme de la Chapelle, Grand-Lancy.

2014      AnyWhere Multiples, AnyWhere Galerie, Paris, France. 

The Red Queen, Museum of Old and New Art, Australia.

Ici, là et au-delà, Institut des cultures d’Islam, Paris, France.

Biennale de Busan, Corée du Sud.

Les artistes de la galerie, galerie Eric Dupont, Paris.

Sèvres Outdoors, Cité de la céramique, Sèvres, France.

Avoir 10 + 1, Contemporary art center, St Restitut, France.

2013 Des mondes dessinés acquisitions récentes 2009 – 2013, Fonds régional d’art contemporain picardie, Amiens.

La main invente le dessin, Centre culturel, Abbaye de Saint-Riquier, baie de Somme.

La ville dessine, Galerie nationale de la tapisserie, Beauvais.

Blicksachsen 9, Bad Hombourg-Francfort, Allemagne.

De leur temps (4) regards croisés sur la jeune création, Hab Galerie, Nantes.

Logique de la Mappemonde, Ecole Nationale des Beaux-Arts de Bourges, Bourges.

Ici, ailleurs, Marseille-Provence 2013, Friche la Belle de mai, Tour Panorama, Marseille.

Ressources poétiques, un nouvel accrochage de la collection, Les Abattoirs, Toulouse.

L’art au défi de l’espérance, Mairie du 6ème arrondissement, Paris.

2012 Ponctuation 11 / Le dessin éveillé, œuvres du Frac Picardie, LAAC, Dunkerque.

Ponctuation 15 / Éclats du monde, dessins du Frac Picardie, Musée de la Chartreuse, Douai.

Traits d’Union, The Venue/solidere, Beyrouth, commissaire Pascal Amel.

Trait papier, Musée des Beaux-arts de la Chaux de Fonds, Suisse.

Traits d’Union, Musée national de Sanaa, Yemen, commissaire Pascal Amel.

2011 Maghreb : Dos Orillas, Circulo de Bellas Artes, commissaire : Brahim Alaoui, Madrid, Espagne.

Traits d’union – Paris et l’art contemporain arabe, Villa Emerige, Paris.

L’art comme un plaisir au quotidien, Bourg-en-Bresse, France.

Le moins du monde, FRAC Lorraine, Metz, France.

Small, Medium, Large, Donjon de Vez, France.

  En ce lieu ou presque #1, Domaine de Saint Ser, France.

  Architectures / Utopies / Dessins, collection du CNAP, MNAC, Bucarest, Roumanie.

  Wishing and praying, ADAA Art show, CRG Gallery, New York, USA.

  Wishing and praying, CRG Gallery, New York, USA.

  Tenir debout, Musée des Beaux-Arts de Valenciennes.

2010   Tenir debout, Musée des Beaux-Arts de Valenciennes.

Les Afriques autrement, Maison des arts, Bagneux. Des intrus au musée, Musée d’art et d’histoire, Chinon.

Sans crayon sans gomme, Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine, Marseille.

2009 Nous, vous, ils ou elles, FRAC Picardie, Amiens. À Fleur de peau II – Le dessin à l’épreuve, Galerie Eric Dupont, Paris. Traversées, Espace Nihon Keizai Shimbun, Japon. Out of storage II, Rythmes, Mudam, Luxembourg.

2008 Cent, Galerie Defrost, Paris. (A)pesanteur, FRAC Lorraine, Metz, France. Machines à rêve / Video Short List, Commissaire Jean-Luc Monterosso, Au passage de Retz, Paris, exposition itinérante. Traces du Sacré, Centre Georges Pompidou, Paris. Traces du Sacré, Haus der Kunst, Munich, Allemagne. Palais de la Culture, Alger.

2007 The Troubled Waters of Permeability, Parker’s Box, NY, USA. MUDAM Guest House 07, MUDAM Luxembourg. Dialogues Méditerranéens, Saint-Tropez.

2005 À Fleur de peau, Galerie Eric Dupont, Paris. La Nuit Blanche, commissaire Jean de Loisy, Église Saint-Séverin, Paris. Galerie des Bains Douches, Marseille.

2004 Voyage d’artistes, Espace Electra, Paris.

2003 Galerie Martagon, Malaucène.    

Le Rectangle, Lyon.   

Le jardin de Leïla, Parc du Domaine Laval de Lyon.

1998 Château de Servières, Marseille.

1997 Culture et Entreprise, Ecole des beaux-arts, Aix-en-Provence.

1996 Sur Invitation, Les Ateliers d’artistes de la ville de Marseille.

1995 Les Effets du voyage, 25 artistes algériens, Palais de la Culture, Le Mans.

1987 Biennale d’Ankara, Turquie.

COLLECTIONS PUBLIQUES

2015 Musée National d’Art Contemporain, Lisbonne, Portugal.

2013 FRAC Picardie, Amiens. / FRAC PACA, Marseille.

2012 Donation de la Collection de dessins Florence et Daniel Guerlain, 2012,  collection du musée national d’art moderne – Centre Pompidou / Centre de création  industrielle.
2010
 Ville de Marseille.

2009 Musée des Abattoirs, Toulouse.

2008 FNAC, Paris.

FRAC Picardie, Amiens.

2006 Fondation Musée d’Art Moderne Grand Duc Jean, Luxembourg.

Musée des Abattoirs, Toulouse.

2005 Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris.

RÉSIDENCE

2009       Atelier Calder, Saché, France

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